INVESTISSEMENT

À qui appartient Québec inc. ?

À qui appartiennent les sociétés de Québec inc. cotées en Bourse ? À vous et moi, en grosse partie. Près de 43 % de la capitalisation boursière des quelque 287 sociétés québécoises inscrites à la cote, qu’elle soit canadienne ou américaine, appartient en effet directement à de petits porteurs, selon la compilation réalisée par La Presse Affaires.

Il y a aussi tous nos avoirs collectifs et privés confiés à des caisses de retraite et gestionnaires de fonds, les principaux investisseurs institutionnels, au Québec. Les « zinzins », dans le jargon, ont ensemble la main sur environ 56 % du pactole québécois.

Les investisseurs institutionnels sont tenus de déclarer leurs positions si elles représentent plus de 10 % des actions en circulation d’un titre inscrit à une Bourse canadienne, ou plus de 5 % s’il est coté à une Bourse américaine.

La participation de ces investisseurs avertis, obéissant généralement à des politiques de placements rigoureuses et à une vision à long terme, donne une base solide au marché.

La balance du pouvoir, soit moins de 2 % seulement, revient aux « initiés », soit les administrateurs et dirigeants tenus également de dévoiler leur participation en raison de leur connaissance privilégiée des affaires de leur entreprise.

En comparaison, la propriété des autres titres canadiens est un peu plus concentrée, avec 58 % des actions aux mains des zinzins et près de 3 % détenues par les initiés, laissant 39 % seulement attribuables directement aux petits porteurs.

Par curiosité, mentionnons qu’en Chine, où le système financier n’est pas encore bien développé, le quart seulement du capital boursier est aux mains d’institutions – gouvernementales dans une large mesure – les petits investisseurs faisant (défaisant, ces jours-ci) le marché selon leur humeur.

MYTHES ET RÉALITÉS

Chez nous, la part du gouvernement et de ses créatures dans nos sociétés cotées est bien moindre qu’on ne le croit, suivant le système de classification de Bloomberg. Québec ne compte que pour 1,6 % des positions déclarées dans la capitalisation boursière des sociétés établies sur son territoire. C’est même moins que le poids relatif des gouvernements des autres provinces (2,7 %) ou même de Washington (2,8 %), chacun chez soi.

Autre mythe déboulonné : parmi les investisseurs déclarés, les grandes fortunes personnelles pèsent bien peu comparativement aux investisseurs institutionnels. Les milliardaires Lino Saputo, Alain Bouchard, Jean Coutu ou Pierre Karl Péladeau ainsi que tous les autres grands actionnaires ne possèdent officiellement que 3,1 % des actions de Québec inc. Les grandes fortunes comptent nettement plus (5,4 %) dans les registres des entreprises hors Québec, ou même sur les marchés américains (3,6 %).

Les conglomérats, par contre, sont bien puissants au Québec, avec la propriété de 7,9 % des actions, quatre fois plus que dans les autres provinces. Ils prennent une large part dans la structure de propriété d’entreprises comme BCE, la Corporation Financière Power ou Saputo.

En fait, ce sont les firmes de placement qui tiennent théoriquement les cordons de la Bourse, au Québec, avec les trois quarts des positions connues, mais c’est généralement à titre de fiduciaire pour des particuliers. Leur poids relatif est un peu plus grand ici que dans les autres provinces, mais moindre qu’aux États-Unis. On peut aussi souligner l’apport des fonds de capital-risque, comme le Fonds FTQ ou le Fondaction, dans la composition de l’actionnariat des entreprises québécoises, même si minime (0,1 %), toute proportion gardée. Cette composante est carrément indistincte ailleurs en Amérique du Nord. Les fondations (on pense à la participation du fonds Cascade Investment, de Bill Gates, premier actionnaire du CN) comptent de même pour une part notable de 0,5 % du capital québécois, mais infime ailleurs.

Par contre, les gérants de fonds spéculatifs, façon George Soros ou Bill Ackman, comptent relativement peu dans l’actionnariat québécois. Ces fonds militants et avides, parfois mal vus, ne comptent que pour 3,1 % des déclarations d’avoir chez nous, comparativement à 5,4 % dans les autres provinces et 3,6 % aux États-Unis.

LES ZINZINS ET LES AUTRES

(Moyennes pondérées par la capitalisation boursière)

Part des institutions : 55,6 %

Part des petits porteurs : 42,8 %

Part des initiés : 1,6 %

Source : Bloomberg, en date du 10 septembre

CATÉGORIES D’ACTIONNAIRES

(Selon les déclarations aux autorités réglementaires ; moyennes pondérées par la capitalisation boursière)

Conseillers en placement : 74,5 %

Conglomérats : 7,9 %

Banques : 4,5 %

Gros investisseurs : 3,1 %

Gouvernements : 1,6 %

Fonds spéculatifs : 1,3 %

Assureurs : 1,0 %

Caisses de retraite : 0,6 %

Fondations : 0,5 %

Fonds de capital-risque : 0,1 %

Autres : 4,9 %

Source : Bloomberg, en date du 10 septembre

LES 5 PRINCIPAUX ACTIONNAIRES DES 5 PREMIÈRES ENTREPRISES DU QUÉBEC

(Classification suivant la capitalisation boursière. Pourcentages des actions en circulation)

Canadien National

Cascade Investment 11,8 %

Banque Royale du Canada 6,2 %

Massachusetts Financial Services 6,1 %

Banque Toronto-Dominion 3,7 %

Banque Scotia 3,3 %

BCE

Banque Royale du Canada 8,0 %

Banque de Montréal 3,9 %

Banque Toronto-Dominion 3,2 %

Banque Scotia 3,1 %

Banque CIBC 3,1 %

Alimentation Couche-Tard

(Toutes catégories d’actions confondues)

Les développements Orano 9,2 %

FMR 8,5 %

Jacques D’Amours 5,7 %

Metro 5,7 %

Caisse de dépôt et placement du Québec 4,7 %

Corporation Financière Power

Power Corporation du Canada 65,8 %

IG Investment Management 4,5 %

CIBC Global Asset 0,9 %

MD Management 0,6 %

IA Clarington Investments 0,5 %

Groupe CGI

Caisse de dépôt et placement du Québec 20,8 %

FMR 10,1 %

Blackrock 4,9 %

Invesco 4,2 %

Banque de Montréal 3,9 %

Source : Bloomberg, en date du 10 septembre

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.